À la frontière des disciplines Ludivine Sibelle, Marianne Pistone et Gilles Deroo ont partagé leurs expériences du sensible autour de la question de l’errance à l’adolescence. Une co-création pratique et philosophique pour tenter d’habiter le monde autrement, donnant ainsi prétexte à la création du festival Cinémada.

lignes d'erre

du 12 au 25 juillet 2021

Lignes d'erre s'inscrit dans le cadre du dispositif Passeurs d'images et bénéficie des soutiens du Ministère de la Culture, de la Région Bourgogne Franche-Comté, de la Préfecture et de la mairie de Cosne-sur-Loire et du parternariat de l'association 1001 coups de pouce.

Lignes d’erre questionne l’errance à l’adolescence, sujet sensible qui résonne encore par la suite et interroge directement l’époque que les jeunes traversent. C’est aussi un sujet qui formellement se prête à un cinéma qui sort des lignes droites et du formatage. Les enjeux pourraient se définir ainsi : aider les jeunes à déverrouiller les contraintes, ouvrir les yeux sur un champ des possibles dans sa façon d’habiter le monde beaucoup plus large que ce que l’on imagine, et par là même, exciter la créativité. L’année 2020 avec ses confinements et divers couvre-feu ont fortement remis en question notre rapport à l’espace et au temps : l’intérieur/l’extérieur, le privé/le public, le permis/l’interdit, l’intime/le collectif, le “safe”/le dangereux. Ces notions intimes et antagonistes qui jusqu' ici gardaient une certaine porosité entre elles sont devenues très concrètes après ces semaines entre nos quatre murs, derrière nos masques, ou l'oeil sur nos calendriers et pendules. Adultes, enfants, adolescents, nous avons tous subi cette métamorphose dans notre être au monde et à l’autre. Le temps et le mouvement, c’est l’affaire du cinéma et de la danse. Ici, nous proposons, grâce aux moyens du cinéma, puisque c’est ce qui nous préoccupe, de nous pencher sur cette notion qu’est l’errance et que l’on pourrait envisager comme l’exact inverse d’un confinement. La question de l’errance permet de revenir à une période “pré-covid”, où se perdre, se sauver, flâner, “digresser” était encore envisageable sans crainte dans nos têtes. Sans chercher à vouloir réparer quoique ce soit, mais par une espèce de mouvement de balancier avec la période que nous vivons, il nous paraît intéressant de nous pencher sur cette force motrice, “insensée” et humaine, qu’est l’errance. Nous prendrons pour guide la figure des lignes d’erre , ces expériences que l’instituteur Fernand Deligny tente auprès d’enfants autistes dans ses aires de séjour (les structures d’accueil qu’il crée à partir de 1969). Ce sont des tracés suivant les déplacements des enfants, leurs points de rencontre, leurs échappées, leurs errances, leurs circuits. Reportés sur des cartes, ces tracés font des lignes claires ou un embrouillamini de stries, raies, hachures, qui, à travers une réinvention des territoires quotidiens, disent quelque chose de la vie et de la singularité de ces enfants, de leurs simple mais frontale irréductibilité.

Encore un immense bravo à Amel, Houria et Zoubida, Amel, Samantha, Shanaa, Léna et Éline, qui ont réalisé les deux films ci-dessous pendant les ateliers.